Une fois avoir bien nettoyé, de fond en comble
De la cave au grenier, Corps et Âme

Une fois avoir bien dégagé les quatre paliers
De leurs encombrants qui gênent le passage

J’ouvrirai fenêtres, lucarnes (1) et tout autre regard
Pour que les plus tenaces relents soient emportés
Aux vents nouveaux d’un baume de jouvence.

De ce baume qui nous tire des aveux inespérés
Déversant de cieux jusque-là insoupçonnés
Des pleurs dont on ne sait s’ils sont joie ou tristesse

De cette jouvence qui surgit des tripes du cœur
En lâchant un rire d’une bêtise incréée
D’avoir attendu si longtemps pour se livrer à soi-même.

Alors, si de s’éveiller à sa nature primordiale
Permet de soulager le moindre malaise
On ne se fait pas prier ni soudoyer par des offrandes.
On exauce sa Bodhicitta au plus près de sa peau.

Épargnons-nous les hommages et les vœux pieux
Les dévotions puériles et les allégeances insensées.
S’il y a un quelconque pouvoir contre l’existence
La vieillesse, la maladie et la mort
Les Éveillés s’en seraient déjà occupés.
Qu’on en soit contrarié c’est d’en avoir rien compris.

Nul doute qu’en assumant l’incarnation
Chair et charité se conjoignent
Et nous font devenir l’ami de tous les êtres.

Une fois conjoints, l'immunité du cœur
Nous permet de traverser vies et morts
À la rencontre de nouvelles amitiés
Que l’on marque du sceau vajra.

Qu’importe l’inexorable passé et l’imprévisible avenir
Quand on répond toujours présent
Sans jamais rompre les amitiés.

Partageant le vin et le pain, la musique et les danses
Sans jamais rompre le samaya naturel
Cela s’appelle ganachakra (2).

Puissions-nous devenir l’ami de tous les êtres.

Lama Shérab,
au petit matin d'un dimanche 19 septembre 2021

Notes

(1) Allusion au Yoga de la "lucarne", un Yoga de Poa "intimiste" de la lignée Shangpa

(2) Ganachakra : cercle festif du tantrayana où l'on développe la Vue pure à l'égard du monde, des autres et de soi-même.

Portes ouvertes de l'Oasis de Longue Vie  le samedi 4 septembre 2021